Alain Mukiranya, le profil d'un jeune qui révolutionne la conservation des primates en RDC





 "Inspirer d’autres jeunes à découvrir et aimer pour mieux protéger le Gorille dans le futur en RD Congo"

Pour ce premier numéro, nous avons le plaisir de vous faire découvrir Alain Mukiranya, un jeune conservateur qui ne cesse de se démarquer par son engagement pour la conservation des primates en RDC.  


Licencié en Ecologie et Gestion de la Faune (BAC+5) à l’Université de Kisangani en RD Congo, il dispose de plusieurs certifications en Gestion du patrimoine mondiale (ICCROM - UNESCO) en Italie, Education environnementale avec Youth Conservation du Programme des Aires Protégées d’Afrique et Conservation (PAPACO) de l’UICN, Suivi et évaluation des projets de développement au Campus de l’Agence Français de Développement (AFD) en France et en Civic leadership au Centre de Recherche en Leadership - Young African Leadership Initiative (CRL-YALI) à Dakar au Sénégal.

Inspirer par la chercheuse américaine DIAN FOSSEY, il est passionné de la conservation des primates, en particulier le gorille avec une solide expérience dans l'éducation environnementale, conservation (suivi, trekking, habituation et recherche).

Actuellement il est de même l’un de quinze boursiers Charles R. Wall Fellowship en Conservation Leadership & Management avec African Wildlife Foundation et depuis cette année, il a été admis dans la grande communauté Change Makers for the planet pour son engagement dans la conservation de la nature.

 

Quinze boursiers Charles R Wall Fellowship en Conservation Leadership &Management 

  1. GV : Pouvez-vous nous parler de votre rôle en tant que conservateur de la biodiversité ?

AM :

Mes années de travail se sont concentrées sur la contribution à la conservation des gorilles en engageant les communautés locales dans l'aire de répartition du gorille d'abord dans le parc national de Kahuzi-Biega, puis dans le parc national des Virunga.

Je fus directeur adjoint de Gorilla Ambassadors, un programme initié depuis 2019 dans le parc national des Virunga en RD Congo pour contribuer à la protection et à la conservation du gorille de montagne menacé d'extinction à travers l'éducation environnementale.

Comme jeune professionnel de l’UNESCO et membre des Commissions de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) sur les aires protégées (WCPA), l'Education et la Communication (CEC) et la Gestion des Ecosystèmes (CEM), j’ai travaillé avec l'Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) pour engager les communautés locales riveraines des aires protégées dans la conservation de la biodiversité.

L'année passée, comme jeune professionnel et volontaire du patrimoine mondial auprès de l'UNESCO, j’ai eu a coordonné deux projets de formation des jeunes et de storytelling, le premier en RDC dans le cadre de la campagne des jeunes volontaires du patrimoine mondial de l'UNESCO dans le parc national des Virunga et le second sur la documentation par le récit du lien entre le patrimoine naturel et culturel toujours dans le parc national des Virunga.

Et depuis, juin dernier j‘ai rejoint l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) comme Officier de Faune au Parc National de la Maiko.

  

  1. QV : Quelles sont les principales menaces auxquelles les gorilles sont confrontés dans leur environnement naturel ? 

AM :

Aujourd’hui, aucun gorille n’est à l’abri. Du fait de la disparition et de la fragmentation de leur habitat, ces primates perdent leur espace vital pour l’agriculture et la fabrication du charbon de bois (Makala). Nombreux individus ont succombé à des maladies transmises par l’homme et leur braconnage se poursuit à un rythme effréné.

Et depuis l’année passée, l’insécurité issus de la guerre à l’Est du pays à laisser les Gorilles de montagne non protéger à causer de la présence des rebelles du M23 dans le secteur des Gorilles ayant obligé l’abandon des postes de patrouilles par les rangers du Parc National des Virunga.

Ceci place désormais les deux espèces de gorilles (Gorilles de l'Ouest et Gorilles de l'Est) au plus haut niveau concernant le risque d'extinction des espèces selon les critères de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

  1. GV : Comment le programme Gorilla Ambassadors contribue-t-il à la protection des gorilles et à l'éducation de masse sur la protection de gorilles ?

AM: 

Les activités du Programme Gorilla Ambassadors ont un impact positif dans le paysage Virunga. Actuellement, les jeunes et les communautés riveraines de l'habitat naturel du Gorille aux Virunga qui bénéficient des activités du programme Gorilla Ambassadors, vivent et cohabitent actuellement en paix avec le Parc National des Virunga et le Gorille, ce qui explique la réduction significative des menaces et pressions du braconnage et de la perte d'habitat des Gorilles de Montagne.

Il faut également noter que grâce à ces activités, la population se consacre de moins en moins aux activités de destruction de sites telles que la carbonisation et le braconnage. Ceci explique l'augmentation du nombre d'individus de Gorilles dans les Virunga avec une dizaine de naissances enregistrées l'année dernière.

Ce qui a fallu la révision du statut de conservation de Gorille de montagne de ‘’E danger Critique’’ a la classification ‘’ En Danger’’.

Les communautés locales sont impliquées et engagées dans la conservation du site aux côtés de l'Institut Congolais de Conservation de la Nature (ICCN) à travers des activités citoyennes telles que la sensibilisation, la cohabitation pacifique, le partage d'informations, la coopération et l'abandon des activités destructrices sur le site, l’artisanat, etc.

 Le programme Gorilla Ambassadors a influencé de nombreux habitants de la région à travers la sensibilisation de s'enrôler pour devenir des gardes parcs (rangers) afin de protéger le Parc National des Virunga. Actuellement, dans la région de Kibumba, la population a abandonné la consommation de viande de brousse à la suite de nos nombreuses activités de sensibilisation.

On observe actuellement autour du secteur des Gorilles un apaisement des tensions qui existaient autrefois entre le parc et les communautés voisines ; suite à la destruction des cultures par les animaux et à l'empiètement du parc par les communautés riveraines pour l'expansion de l'agriculture. Les activités de sport et loisir ont favorisé la communion, le dialogue, l'union et le dialogue entre les communautés locales riveraines des Virunga.

 



  1. GV : Quelles sont les actions concrètes que vous avez entreprises pour préserver la biodiversité et protéger les gorilles                                                                                                                                                                                       AM:

Depuis 2019, plus de 2 000 jeunes riverains du parc national des Virunga ont été sensibilisés et formés sur la protection et la conservation de la biodiversité, dont le gorille de montagne et son habitat et chaque jeune a  planté un arbre forestier, certains dans les écoles riveraines du parc et d'autres dans les zones dégradées du parc national des Virunga ; des visites aux gorilles avec les écoliers et  chefs d'établissements scolaires riverains du parc national des Virunga, des caravanes et des campagnes de sensibilisation communautaire et médiatique sont organisées chaque mois dans les villages de la région de Kibumba et dans la ville de Goma, des graphiques et des jeux sont organisés tous les trois mois par le programme des ambassadeurs des gorilles autour du parc national des Virunga en République Démocratique du Congo.

Grâce au programme Gorilla Ambassadors, les jeunes écoliers et leurs enseignants développent des parcelles boisées dans les écoles où le programme est actif dans la commune rurale de Kibumba, autour du parc national des Virunga.

  1. GV : Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontés dans votre travail de conservation de la biodiversité ?

AM :

Le plus grand défi auquel fait face le programme Gorilla Ambassadors est surtout d’ordre sécuritaire à la suite de l’activisme des groupes armes dans le secteur des Gorilles.

Depuis quinze mois, les activités du programme Gorilla ont été arrêté dans la zone de Kibuma à la suite de la reprise des hostilités par la rébellion du M23 dans la région obligeant le déplacement des populations, l’abandon des postes de patrouilles par les rangers, la fermeture des écoles, l’arrêt des activités du programme, etc.

  1. GV : Comment les personnes intéressées peuvent-elles soutenir votre travail et contribuer à la protection des gorilles ?

AM:

Suivre directement le programme sur ses pages et réseaux sociaux ou contacter sur gorillaambassadors.cd@gmail.com

  1. Quelles sont les trois expériences inoubliables dans votre vie de conservateur ?

AM :

-       Ma première visite des Gorilles et celle du musée d’exposition de Dian Fossey au campus Ellen Degenere

-       Ma contribution à la sauvegarde des Gorilles de montagne de l’extinction dans les Virunga jusqu’à la révision de son statut de conservation de la classification ‘’En Danger Critique’’ a ‘’En Danger’’ sur la liste rouge de l’IUCN des espèces menacées d’extinction.

-       L’inscription du programme Gorilla Ambassadors au Green Citizen projects de l’UNESCO et mon admission dans la communauté Change Makers for the Planet. 

  1. Quel avenir donnez-vous à la population de gorilles en RDC ? 

AM : 

L’avenir des Gorilles en RD Congo dépend de plusieurs facteurs dont le plus important est la préparation et la formation de la future génération des conservateurs des Gorilles en RD Congo car l’avenir de l’espèce en dépend.

C’est mon projet avec National Geographic pour inspirer d’autres jeunes à découvrir et aimer pour mieux protéger le Gorille dans le futur en RD Congo.

Commentaires

  1. Courage et bon boulot, je. Pense bien que les jeunes sont prêtent pour la formation mais hélas ils ne sont pas informé en cas d'opportunité. Merci

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